
Une journée à Compiègne, « la cité impériale »
Mis à part le département de la Somme, où nous nous sommes déjà rendus à plusieurs reprises, nous connaissons assez peu la Picardie. Elle est désormais rattachée au Nord–Pas-de-Calais pour former la région Hauts-de-France. Alors en août 2022, nous avons passé un week-end dans l’Oise. Au programme : une journée à Compiègne et une autre à Pierrefonds.
Je commence donc mon récit aujourd’hui par Compiègne, surnommée « la Cité Impériale » avec son château qui fut une résidence royale et impériale. C’est une ville à taille humaine d’environ 40 000 habitants. On trouve à proximité la forêt de Compiègne, 3ème forêt domaniale française par sa taille : 14 485 hectares.
Autour de l’hôtel de ville
Pour commencer notre découverte des lieux, nous nous dirigeons vers l’hôtel de ville, qualifié de « joyau de l’art gothique finissant ». Il fut construit de 1498 à 1530 et restauré à la fin du XIXème siècle par Eugène Viollet-le-Duc que j’aurai l’occasion de mentionner de nouveau. Au centre, une statue équestre de Louis XII orne la façade. Le beffroi se dresse en rival des clochers des églises. Il a d’ailleurs la particularité d’abriter l’une des plus anciennes cloches communales de France : la « Bancloque ».
La place de l’hôtel de ville a été végétalisée et est très agréable. Une statue s’y trouve, il s’agit de Jeanne d’Arc.
L’office de tourisme de l’agglomération de Compiègne se situe sur cette même place. On trouve également le musée de la figurine historique, qui réunit pas moins de 100 000 figurines civiles et militaires. Une belle petite collection ! Nous nous dirigeons vers la rue des Minimes et on passe devant l’église Saint-Pierre-des-Minimes. Datant du XIIème siècle, c’est la plus ancienne de la ville. Elle accueille désormais des expositions et des concerts.
Le château de Compiègne et son parc
Sur la place du Général de Gaulle, nous arrivons face au château de Compiègne. C’est le plus grand château néo-classique de France, il est classé Monument Historique. Il est l’une des trois plus importantes résidences royales et impériales françaises, avec Versailles et Fontainebleau.
Ayant pris le temps de le visiter, je vous en parlerai plus en détails dans un prochain article ! 😉 On y a découvert des salles somptueuses ayant accueilli les souverains de l’époque. Il fut en effet un haut-lieu de la vie de cour et de l’exercice du pouvoir.
Le billet d’entrée comprend également le musée national de la voiture. Le lieu offre un panorama de l’histoire des transports avec notamment le passage de la traction animale à l’automobile. Il y a également une section consacrée à l’histoire du cycle.
Pour terminer, nous nous baladons dans le parc du château, labellisé « Jardin remarquable ». Un grand parc de 700 hectares a été aménagé, entre le jardin et la forêt. Il est traversé par l’allée des Beaux-Monts, aux dimensions impressionnantes (60 mètres de large et 4,6km de long) et il y a un belvédère tout au bout.
Le cloître Saint-Corneille
Nous entendons parler d’un salon de thé et cela nous donne envie d’une petite pause gourmande. Après un échec avec le salon « Fleur de thé » de la rue des Pâtissiers (fermé), nous nous rendons à celui du cloître Saint-Corneille : « Le Jardin du cloître ». En intérieur un cadre hors du commun, au niveau d’une aile du cloître. Et puis en ce bel été, un grand jardin central avec fauteuils et tables pour se poser dans une ambiance détendue. Mais là encore, pas de chance, les dernières pâtisseries nous passent sous le nez.
A l’origine, se trouvait là l’abbaye Saint-Corneille, fondée en 877. Le lieu renferme beaucoup d’histoire et doit sa réputation à de précieuses reliques. Plusieurs rois de France y ont été sacrés. Un bel ensemble de sculptures religieuses du Moyen-Âge et de la Renaissance sont visibles au sein du musée du cloître. Le cloître a été récemment restauré, il est en partie intégré à la bibliothèque municipale Saint-Corneille et sa vocation pieuse n’est plus.
N’ayant toujours pas satisfaits notre envie sucrée et « Chez elles » étant aussi fermé pour les vacances, je nous emmène un peu plus loin, rue des Lombards. J’y ai repéré une autre adresse (fermée désormais) : Liberthé d’Expresso. On s’installe en terrasse, au coeur des rues piétonnes. Je choisis une limonade avec un grand macaron « Vieille Cassine » à la framboise. Je ne l’imaginais pas si… énorme et je me suis régalée avec ! Monsieur opte quant à lui pour un maxi cookie et une limonade maison. Une adresse fort sympathique, juste à côté de la Vieille Cassine. Il s’agit d’une vieille bâtisse à pans de bois du XVème siècle. Elle accueillait les Maîtres du Pont qui commandaient le trafic sur la rivière.
Autour de la place du Change et rue Saint-Antoine
Nous rejoignons la place du Change en passant devant le grenier à sel dont le portail fut dessiné en 1784. Les greniers à sel ont été créés en 1342, en même temps que la gabelle, un impôt royal sur le sel instauré au Moyen Âge. Ici aussi le lieu est sympa pour se poser car la place est piétonne. Pas mal de tables en terrasse, à côté d’une fontaine, le tout avec un fond de musique.
Dans la rue Saint-Antoine, nous passons devant ce mur avec une plaque : « Refuge des carmélites Du 14 sept. 1792 au 22 juin 1794 ». J’apprends en faisant quelques recherches qu’en 1789, lorsque la Révolution française éclate, la communauté du carmel de Compiègne compte 21 religieuses. Les carmélites sont expulsées de leur couvent le 14 septembre 1792. Elles auraient trouvé refuge ici avant d’être arrêtées le 23 juin 1794 puis jugées et condamnées à mort le 17 juillet. Elles furent guillotinées le soir même à Paris, sur la place de la Nation.
Nous faisons ensuite le tour de l’église Saint-Antoine, dans la rue du même nom. Elle a été construite du XIIIème au XVIème siècle et possède une façade gothique flamboyant ornée d’une rose.
Ensuite, nous descendons la rue d’Austerlitz où nous passons devant cette jolie demeure (place Saint-Clément) puis devant « Le Bouchon », un restaurant bar à vins, visiblement une bonne adresse à Compiègne.
Autour du parc de Songeons
Le parc de Songeons offre un bel espace de verdure, avec vue sur l’Oise. Il y a des jardins, propices à la flânerie, et un espace de jeux pour les enfants. Vous pourrez y voir quelques arcades provenant de l’ancien couvent des Jacobins.
On découvre également une statue du sculpteur français Christophe Charbonnel. Il s’agit de Persée, héros de la mythologie grecque, tenant dans sa main la tête de la Méduse. Aussi, le parc abrite également le centre d’études et d’exposition Antoine Vivenel et le musée d’art et d’archéologie Antoine Vivenel.
Plus surprenant, il y a aussi quelques traces de l’ancien cimetière de la ville, l’ancienne porte et deux monuments funéraires. Le cimetière de Clamart étant devenu trop étroit, il fut désaffecté et laissé à l’abandon, d’autres cimetières ont vu le jour.
Les inhumations se faisaient à l’époque du Moyen-Age au niveau des églises des villes ou au sein même des bâtiments consacrés pour les personnes les plus riches ou les plus importantes. Mais l’accumulation des corps posa différents problèmes, notamment en termes de place et d’insalubrité. Le 21 mai 1765, un arrêté du Parlement de Paris interdit l’inhumation dans les cimetières intra-muros. Le clergé s’y opposa et il resta sans effet jusqu’en 1803, malgré les problèmes persistants comme le scandale du cimetière des Innocents à Paris.
Nous sortons du parc en longeant le fleuve, l’Oise. Non loin de là, se trouvent les vestiges du pont Saint-Louis, connu pour avoir été franchi par Jeanne d’Arc le jour de sa capture.
Sur notre droite, la grosse tour du roi, appelée aussi tour Jeanne d’Arc, est une ruine du donjon royal du XIIème siècle. En face, l’Hôtel-Dieu Saint-Nicolas, bâti au XIIIème siècle, qui accueillait les pauvres et les malades.
L’église Saint-Jacques et Jeanne d’Arc
On rejoint à nouveau la place de l’hôtel de ville et on fait un petit détour par la place Saint-Jacques. Elle se prête elle aussi à la détente avec des terrasses de café et des bancs, on y fait d’ailleurs une petite pause. On remarque qu’à Compiègne, il y a différents lieux de vie en centre-ville. Tout n’est pas forcément regroupé au même endroit et ça c’est sympa.
Nous pénétrons dans l’église Saint-Jacques. Il est dit que Jeanne d’Arc est venue y prier le matin de sa capture, en 1430. L’église abrite d’ailleurs une statue en marbre blanc la représentant. Il y a également plusieurs vitraux qui lui sont consacrés, réalisés dans les années 1920.
L’histoire de Jeanne d’Arc est liée à la ville de Compiègne. Le 23 mai 1430, pendant la Guerre de Cent Ans, elle est capturée par les Bourguignons à Margny-les-Compiègne alors qu’elle tente de lever le siège de Compiègne pour défendre la ville. La suite on la connaît : Jeanne est faite prisonnière (elle sera détenue dans différentes villes, dont à Arras) puis livrée aux Anglais et condamnée à être brûlée vive à Rouen.
Où est Charlie ?
Un petit coucou de Charlie, que nous avons eu l’occasion de croiser à plusieurs reprises dans Compiègne. C’est en 2010 qu’une dizaine de Charlie sont apparus sur les murs de la ville. L’artiste anonyme a varié les postures et accessoires.
Autres découvertes possibles
Pour approfondir la visite du centre-ville, nous aurions pu faire un tour du côté du théâtre impérial. Sa construction est décidée par l’empereur Napoléon III au XIXème siècle afin de divertir sa cour. Pour le chef d’orchestre italien Carlo Maria Giulini, la salle est d’une grande qualité : « Comme une des plus parfaites du monde, plus accomplie que celle du Musikverein de Vienne, pourtant la référence en la matière. »
Il y a aussi les grandes écuries du roi, dont l’accès est gratuit le samedi. Elles ont été construites sous Louis XV en 1738 pour les chevaux royaux et impériaux.
Enfin, il est aussi possible de voir ce qu’il reste des anciens remparts qui protégeaient Compiègne à l’époque. Un petit jardin y a été aménagé.
Si vous avez plus de temps et en sortant du centre-ville, il est possible de vous rendre :
- Au mémorial du wagon de la déportation (au niveau de la gare de Compiègne-Margny-lès-Compiègne) : emplacement du départ des convois de déportés vers les camps.
- Au mémorial de l’internement et de la déportation : le camp de Royallieu, principal camp d’internement allemand en France, destiné à la déportation.
- A la clairière de l’Armistice : on y trouve le wagon similaire à celui dans lequel ont été signés les armistices de 1918 et de 1940, le vrai ayant été brûlé sur ordre d’Hitler. Le mémorial de la Clairière de l’Armistice est un lieu de mémoire important.
Ce sera pour une prochaine fois, peut-être !
