Livre Mariée de force par Leila
Lecture

Témoignage : “Mariée de force”

“En France, comme dans de nombreuses régions du monde, des adolescentes et des jeunes femmes sont encore contraintes d’accepter pour époux un homme qu’elles n’ont ni choisi, ni parfois même rencontré. Au nom de l’intérêt des parents.”

Selon la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, “le mariage forcé est une atteinte aux droits humains fondamentaux, notamment à la liberté et à l’intégrité physique. Toute personne a le droit de choisir son époux ou son épouse.” On peut lire sur le site de l’UNICEF que “chaque année, 12 millions de filles à travers le monde sont mariées avant l’âge de 18 ans.” Un chiffre alarmant, un fléau dans de nombreux pays et la France n’est pas épargnée. Des traditions d’un autre temps qui persistent encore aujourd’hui…

Leila est une jeune française, fille d’immigrés marocains, élevée dans la plus pure tradition musulmane. Elle raconte son histoire dans son livre “Mariée de force », un témoignage à la fois touchant et triste. On prend conscience que les mariages forcés sont liés à des violences variées exercées à l’encontre des femmes par leur mari mais aussi par leur famille. Leila parle de son enfance, son adolescence, l’incompréhension entre elle et ses parents, ses dépressions, ses révoltes. J’ai parfois été moi même dans l’incompréhension face à ce monde et ces traditions qui me sont dures à comprendre au XXIème siècle. Un statut de femme clairement “inférieur” à l’heure de l’égalité des sexes.

En tant que femme et aimant lire les histoires vraies, j’ai apprécié son récit. Il nous montre qu’il y a encore beaucoup de route et que le chemin est long.

Extraits du livre

« J’avais rêvé d’un mariage d’amour, de rencontrer celui que toutes les filles attendent. J’aurais eu une belle robe blanche, un bouquet de fleurs, comme dans les histoires romantiques, j’aurais souri en haut des marches, toutes mes amies seraient m’embrasser et me féliciter. J’aurais quitté ma famille pour un petit appartement rien qu’à “nous”, pleuré d’émotion, embrassé mon père, ma mère et tout mes frères pour courir vers le bonheur et la liberté que j’espérais depuis toujours. »

« D’un côté Leila marocaine, de l’autre Leila française. D’un côté prisonnière de sa famille, de l’autre une évadée. J’avais deux visages, deux personnalités, l’une muette sur sa souffrance, l’autre qui la hurlait. »

« Je voulais faire du social, aider les autres, être en contact avec les gens, avoir un emploi humain (…) »

« On respecte un objet, pas une femme. La voilà ma rage, ma révolte. »

« Je ne serai pas la première à passer devant monsieur le maire avec les yeux rouges. »

« Je ne supportais pas cette vie, mais d’autres filles mariées de force comme moi la supportaient. J’en connaissais. Je trouvais qu’elles gâchaient leur chance de vivre ici et d’être libres dans un pays libre. »

« Nous étions prises dans un système, certaines avaient des enfants et j’avais l’impression qu’elles allaient faire vivre la même chose à leurs filles. Recommencer éternellement ce qu’elles avaient vécu elles-mêmes. Où se trouvait la solution ? »

« La seule bulle d’oxygène pour ces filles, c’est l’école justement, et le collège, les études. C’est le savoir qui leur permet de dépasser les traditions moyenâgeuses et d’évoluer. Un endroit où la religion et les traditions de chacun s’arrêtent à la porte, je l’ai connu enfant, et on était bien. » 

« La famille est notre sécurité dans un monde que nous n’avons pas appris à dominer seules. Parce qu’ils nous refusent ce monde dès l’enfance. Et que nous y débarquons démunies, sans structure personnelle, conditionnées par les traditions, les interdits, la peur. Et aussi que nous aimons nos parents. »

« Mentir, faire semblant, se taire, obéir et se soumettre, rendre compte toute sa vie devant les hommes, la famille, le quartier, de ses moindres faits et gestes, cet avenir m’était insupportable. »

Des associations d’aide aux victimes de violences sexistes et sexuelles sont consultables sur le site : https://arretonslesviolences.gouv.fr/

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